Culturellement correct ?



Qu'est ce qui est culturellement correct ?

En fait, il semble que la pertinence culturelle soit, comme bien d'autres choses, dépendante des notions d'espace et de temps.
Les "Versets Sataniques", considérés ici comme une preuve supplémentaire du talent littéraire de Salman Rushdie, ont provoqué, à plus de 3000 km d'ici le prononcé d'une "fatwa" qui condamne son auteur à mort.

Moins loin, la culture serbe, qui, hier encore, faisait les délices de touristes par charters entiers, semble bien incorrecte aujourd'hui que, sur le plan politique, les Serbes semblent agresseurs dans un conflit qui, par sa proximité, nous interpelle plus que celui qui ravage, par exemple le Soudan depuis des années.
Or les images diffusées lors des attaques et contre-attaques successives de chacuns des camps en présence, ont témoigné à suffisance que rien ne ressemble plus à un réfugié croate ou bosniaque, qu'un réfugié serbe. Rien ne ressemble plus au larmes d'un enfant croate ou bosniaque que celles d'un enfant serbe.
Malgré cela, ce qui semble être une propension naturelle de l'espèce humaine à l'amalgame, ne s'embarasse pas de nuances pour diaboliser tout ce qui touche de près ou même de loin ceux qui, aujourd'hui, font figure d'agresseurs.
Goran Bregovic, compositeur attitré et ami d'Emir Kusturica, nous parle de ces confusions entre les situations dues à des militaires et hommes politiques avides de pouvoir, et toute manifestation venant du "mauvais" bord culturel fut-il aux antipode d'une position belliciste.

Eric Adam, lui, est peintre et, à ce titre exprime les désirs, les fantasmes, les craintes d'une minorité à laquelle il appartient, celle des homosexuels, qui, aujourd'hui encore, passe souvent pour moralement et culturellement incorrecte.
Volontiers provocateur, il désire "mettre sur les murs, au grand jour, ce qu'on fait dans le noir ou tout seul à la maison".

Enfin, il y a les artistes "insensés", malades mentaux, qui éprouvent un tel besoin d'exprimer ce que leur dicte leur inconscient, si dépendants de leur propre jeu de contraintes qu'ils ne se soucient pas le moins du monde des exigences culturelles qui président peu ou prou aux productions des artistes "sains d'esprit".

La question du "culturellement correct" est donc d'autant plus génératrice de questions qu'elle est en perpétuel changement dans le temps, au gré des évolutions, mutations, régressions, et dans l'espace, selon le type dominant de croyance, de système politique et d'implantation culturelle.